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Laissons-les planter; ouvrir tout le champ des possibles; partager la production
Accéder à la terre collectivement n’est ni commun dans le monde agricole ni encouragé politiquement et juridiquement. Pourtant de plus en plus de projets collectifs voient le jour dans notre pays.
Cette volonté d’accéder à la terre s’inscrit dans un mouvement agroécologique porté depuis plus de 25 ans par le mouvement international La Via Campesina (LVC), représenté en Suisse par Uniterre. L’agroécologie est largement considérée comme une méthode de culture durable, adaptée aux conditions locales, une science, un mouvement social créateur d’emplois et d’entraide.
Samedi 23 mars, le nouveau collectif des » Hirondelles » investissait une maison vide depuis plusieurs années, entourée de bonnes terres agricoles, située sur la commune de Boudry. Le collectif a monté un tunnel, semé, planté. Leur objectif est de produire des légumes et des fruits.
En tant que membre fondateur de Via Campesina en 1993 à Mons, je soutiens les objectifs du collectif qui a engagé des négociations avec les propriétaires du lieu.
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Avec l’arrivée du printemps, les tracteurs sont retournés dans les champs. La révolte paysanne s’exprime à bas bruit. L’ampleur de la mobilisation a révélé un profond mal-être. Ce sentiment est particulièrement ressenti par les jeunes en âge de reprendre le domaine. Ils hésitent à s’engager. Dans ce milieu paysan traditionnel qui est capable de s’adapter à l’innovation, l’idéal du métier s’est terni par une insuffisance chronique du revenu, le fardeau de l’endettement, un manque de reconnaissance ainsi que la paperasse.
Une majorité des manifestant-e-s bute sur les mesures prises pour transiter vers une agriculture qui respecte le vivant. Ce front du refus a été entendu à Bruxelles et à Berne, dans une moindre mesure. Des dispositions deviendront moins contraignantes. Dans un premier temps, ce recul de l’autorité peut être considéré comme une victoire des révoltes paysannes. À long terme, ce sont les industries agroalimentaires et agrochimiques qui seront les seules vraies gagnantes. La politique agricole ainsi revisitée ne garantit plus une incitation réelle à la transition écologique.
Plus étonnant, ce front du refus est composé en majorité d’éleveurs et de cultivateurs qui ont quasi fait tout juste dans le segment productiviste, sans parvenir durablement à maintenir des prix équitables. Persister dans le modèle intensif, c’est programmer des excédents sectoriels si le dérèglement climatique ne vient pas perturber le business.
La biodiversité, tout comme la fertilité naturelle des sols, attendra encore des jours meilleurs.
À l’autre bout du champ, des jeunes, pour la plupart non issu du monde paysan, souhaitent choisir un mode de vie, un métier qui participent à leur idéal. Ils aspirent à cultiver la terre en collectivité selon les exigences de l’agroécologie. Elles/ils expérimentent, se forment dans des filières nouvelles, programmées aussi dans les écoles d’agriculture officielles. La volée qui vient de se terminer compte 16 apprenant-es. La nouvelle en comptera 22.
L’agroécologie ne date pas d’aujourd’hui. Elle trace son chemin depuis des décennies dans le milieu paysan traditionnel. L’agriculture biologique est reconnue, elle a pris place dans l’officialité, elle a ses lois, ses ordonnances, ses règlements et son cahier des charges. Elle n’en reste pas là, elle innove, diversifie par la permaculture, l’agroforesterie ou le retour à la polyculture- élevage. Sans viser une reconnaissance par un label, des agriculteurs-trices portent une attention permanente à la fertilité naturelle des terres par des pratiques culturales appropriées. C’est plutôt bien senti lorsque 90 % de notre alimentation dépend des sols.
Deux approches différentes face à la nécessité de transiter vers une agriculture durable. L’une plus conservatrice qui avance en tentant de concilier l’acquis tout en intégrant un peu d’écologie à pas mesurés. L’autre plus radicale, l’agroécologie s’impose, elle doit être l’objectif. C’est ma conviction. Produire des denrées alimentaires saines tout en favorisant la biodiversité, la vie des sols et la qualité de l’eau requiert plus de main-d’œuvre, bien formée et équitablement rémunérée. Le dérèglement climatique qui se confirme souligne l’urgence. Cette dernière et sérieuse alerte nous incite à considérer tout le champ des possibles.
Fernand Cuche
Lignières, le 10 avril 2024
Références :
– Accès collectif à la terre en Suisse. Uniterre
– Chronique de David Hiler, ancien Conseiller d’État vert, Genève Le Temps.4.4.2024
Pour signer la Tribune de soutien du collectif « Les Hirondelles »
Revue de presse :
RTN le 23.03.2024, avec Fernand Cuche
ArcInfo le 25.03.2024,avec Fernand Cuche
« On marche sur la tête » Que l’agriculture se rassure, elle n’est de loin pas la seule…
L’hiver, c’est le temps d’un long repos pour la terre et la végétation. La saison durant laquelle le rythme est plus calme pour la paysannerie. Dans les hangars, les machines sont en révision avant d’entreprendre les travaux du printemps. À la surprise quasi générale, des centaines, puis des milliers de tracteurs prennent l’autoroute en ce début d’année. Cette cohorte protestataire véhicule plusieurs revendications ; des prix rémunérateurs à la production, l’élimination des distorsions de concurrence, le versement des paiements directs dans des délais raisonnables, un allégement, voire la suppression de directives écologiques. Les témoignages confirment que la trésorerie de la plupart des exploitations agricoles est quasiment à sec. Au vu de l’ampleur de la mobilisation et sa durée, la situation est alarmante.
L’adaptation progressive du secteur agricole au marché par des prix compétitifs a entraîné des exploitations toujours plus grandes, une mécanisation de plus en plus lourde, efficace et sophistiquée, une sélection végétale et animale à haut rendement, l’utilisation des engrais du commerce et des pesticides. Cette évolution spectaculaire s’est manifestée par l’augmentation des rendements jusqu’à l’engorgement de certains marchés provoquant des baisses de prix à la production. Malgré tous ces gros efforts d’adaptation, la majorité des exploitations peinent à nouer les deux bouts, la méfiance gagne du terrain, la relève est à la peine.
La compétitivité a progressivement instauré dans tous les secteurs d’activités le dogme du coût de production le plus bas. La production de denrées alimentaires ne saurait échapper à ce dogme économique, d’autant plus que ce marché est demandeur tous les jours. C’est un fonds de commerce lucratif « durable ». Ainsi l’agriculture a rejoint progressivement la grande cohorte des partenaires captés par le marché. La compétitivité est devenue la principale organisatrice de nos sociétés. Ce modèle économique tentaculaire agit en faisant fi des limites des ressources naturelles, des pollutions multiples et durables, de l’épuisement et des souffrances d’hommes, de femmes et d’enfants aussi qui triment dans les ateliers de couture, dans les mines, dans la récolte des fruits, des légumes pour ne citer que quelques exemples. Inévitablement, cette situation provoque légitimement des protestations, des manifestations ou des émeutes.
Nous tardons à reconnaître que nous sommes dans un mal développement généralisé et permanent, que les outils de la compétitivité et du libre marché sont totalement inadéquats pour transiter vers des modes de vie, de production, de consommation qui doivent impérativement intégrer le fait que la planète à des limites. Cette marche forcée pour s’adapter aux exigences du marché se solde par un appauvrissement économique des exploitations, une dégradation de l’environnement naturel, un épuisement de la paysannerie. Le monde agricole a perdu pied sur ses propres terres.
Revenons à nos campagnes, aux manifestations qui se poursuivent, à la paperasse « invasive ». Elle s’est progressivement développée dans tous les secteurs d’activités. La production de denrées alimentaires interagit avec la fertilité naturelle des terres nourricières, la préservation de la qualité de l’eau, de la biodiversité et de la protection des paysages. Enthousiasmés par des rendements spectaculaires, les partenaires de la chaîne alimentaire ont ignoré et trop longtemps minimisé les conséquences dommageables du mode de production intensif et compétitif pour l’environnement.
D’un enjeu sectoriel, l’agriculture est devenue un enjeu de société comme l’énergie ou la mobilité. Le manque de vigilance des principaux acteurs n’échappera pas aux associations environnementales et de consommateurs. Grâce à leur clairvoyance et à leur engagement constant, des mesures seront prises progressivement et concernent une alimentation saine, la qualité de l’eau, la fertilité naturelle des terres, la préservation de la biodiversité, le bien-être des animaux de rente. Préserver des biens vitaux, indispensables dans nos vies quotidiennes ne peut décemment être contesté sur le fond.
Ce soulèvement lancé voici 2 mois qui s’insinue jusqu’au salon de l’agriculture parisien et dans nos campagnes révèle le désarroi de l’agriculture et le manque d’anticipation des organisations faîtières agricoles, des acteurs économiques et des pouvoirs publics. Il n’est plus crédible d’aménager à la périphérie de ce modèle intensif. Face à la contestation, les pouvoirs publics s’émeuvent, tentent de calmer la colère par des aides financières, promettent l’élimination des distorsions de concurrence, des réformes qui ne sont que des réformettes. Du colmatage superficiel. Dans l’urgence, ils cèdent partiellement aux griefs émis concernant les mesures environnementales. Engager un débat sur les mesures les plus adéquates à prendre et réduire la paperasse est acceptable, souhaitable à la condition que soit reconnue par tous les partenaires la préservation incontournable des enjeux fondamentaux du vivant. Réduire l’agroécologie à une entrave qui empêche la liberté d’entreprendre, de se développer est irresponsable, c’est un retour à l’obscurantisme.
Le dérèglement climatique est devenu persistant.
Comme pour le mal développement économique, le dérèglement climatique ne peut plus être considéré comme une crise. Notre planète se réchauffe, plus 2 degrés depuis 1964 pour la Suisse, deux fois plus que la moyenne mondiale. Ce dérèglement ajoute un désarroi de plus dans les campagnes, l’agriculture est en première ligne ; l’eau manque, les rendements diminuent. Il faut choisir d’autres semences, résistantes à des températures plus élevées et acclimatées à une faible pluviométrie. Le potentiel naturel de production détermine le choix des cultures, la charge en bétail doit être adaptée aux bases fourragères du domaine. C’est flagrant dans la production de viande pour laquelle nous importons encore 1,4 million de fourrages concentrés par année.
De la terre à l’assiette, tous les acteurs de la filière doivent coopérer pour fixer des prix rémunérateurs à la production, des marges équitables en toute transparence, l’élimination du gaspillage, calmer la concurrence qui sévit entre les grandes chaînes de distribution à coup de publicité onéreuse faisant croire qu’il est toujours possible de produire, acheter, conditionner et vendre à des coups toujours plus bas. Consommer, et consommer encore tous azimuts a réduit l’acte de s’approvisionner en biens alimentaires banal alors qu’il est porteur de vie. Nous sommes entrés dans une période d’insécurité alimentaire qui nous amène à reconsidérer nos priorités dans le choix de notre alimentation. De l’assiette, il faut remonter jusqu’aux terres nourricières pour prendre conscience de l’importance de nos choix.
Cette transition interroge, chamboule aussi les organisations agricoles, telles que Fenaco et ses filiales Landi, première partenaire de l’agriculture pour fournir engrais, pesticides, fourrages concentrés, outillage et habillement. Première partenaire aussi pour acheter une part importante de la production indigène. La « multi cantonale » est devenue progressivement un acteur économique confronté à une vive concurrence. Est-elle toujours dans la capacité d’offrir des prix rémunérateurs à la production ?
L’Union suisse des paysans n’échappe pas au questionnement. La manœuvre a bien réussi lors des élections fédérales d’octobre dernier. La profession peut compter sur une députation forte de 50 élu-e-s pour agir en faveur des intérêts de l’agriculture. L’embellie fut de courte durée, quelques mois plus tard, « Révolte agricole suisse » appelle à manifester, l’ampleur des rassemblements est spectaculaire. Pour la députation paysanne à Berne, c’est un encouragement et une directive pour agir sans tarder. Comment l’USP va-t-elle manœuvrer pour empêcher la signature de nouveaux traités de libre-échange, éliminer les distorsions de concurrence, prendre des mesures protectionnistes, empêcher la poursuite du bétonnage dans les meilleures terres arables, elle qui a signé un accord avec les milieux économiques ?
Ces révoltes ont le mérite de révéler la détresse du monde paysan, tout particulièrement chez les jeunes en âge de reprendre le domaine, témoigner de notre sympathie dans l’urgence du moment les réconforte. Elle doit se prolonger par un soutien durable dans le choix de notre alimentation ; accourir lors des désalpes, des brunchs à la ferme ou des expositions de bétail est anecdotique.
Le monde agricole doit considérer les nombreuses sollicitations dont il est l’objet par un examen attentif, essentiellement dans les enjeux environnementaux. La confrontation entre la production et la préservation du vivant est devenue stérile, caduque. Il est temps de voir grand pour sortir de cette impasse. Sur le terrain, des alternatives crédibles existent : agriculture biologique, régénérative des sols, agroforesterie, polycultures – élevage. Sans problèmes majeurs, l’agriculture de montagne peut passer à l’agriculture biologique. C’est plus difficile en plaine, notamment dans le maraîchage, l’arboriculture ou la vigne. Malgré une transition exigeante, plus de 50 % du vignoble neuchâtelois a passé à la production biologique. La profession doit s’ouvrir à une diversification des structures comme les micro fermes. La tradition peut nous enfermer dans un conservatisme qui nous appauvrit.
Fernand Cuche
Lignières, 13 mars 2024
09.03.2024 Table-ronde sur l’avenir de l’agriculture à 18h45, Festival du Film Vert, Collège de la Fontenelle à Cernier
Avec la participation de:
– Céline Vara, Conseillère aux Etats
– Didier Calame, Conseiller national
– Nicole Galland, présidente de la FRC NE
– Fernand Cuche, ancien Conseiller d’Etat
Modération: Nicolas Willemin, journaliste
Entrée libre, ouvert à toutes et tous !
Lien sur la page concernée sur le site du Festival du Film Vert
Le Ô 02.02.2024 : « Être durable ou mourir » FIGURE DE L’ÉCOLOGIE, FERNAND CUCHE DÉCRYPTE LA CONTESTATION DES AGRICULTEURS EUROPÉENS
Lire l’article sur le site le-o.ch
Télécharger la page de Le Ô comprenant l’article (PDF)
Le Temps 06.01.24 : « A Berne et dans les cantons, l’élu paysan ou l’histoire d’un «Sonderfall» helvétique » avec Fernand Cuche
Lire l’article sur le site LeTemps
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Le Temps 16.12.2023 : «La place Fédérale, entre convivialité et colère» avec Fernand Cuche
Lire l’article sur le site LeTemps
Télécharger les 2 pages de Le Temps comprenant l’article (PDF)
« Insécurité alimentaire et dérèglement climatique. Il est nécessaire de préserver ce qui nous reste de de terre arables » : Fernand Cuche
Le Conseil d’État neuchâtelois a levé les oppositions de « la Tène en transition » concernant l’extension de la zone industrielle de Marin ; une extension de 23 hectares est projetée dans les meilleures terres agricoles du canton. Le 22 novembre dernier, l’association a déposé un recours auprès du Tribunal cantonal.
Intervention de Fernand Cuche.
Nous tardons à préserver ce qui nous reste de terres cultivables. Nous tardons à développer des pratiques agricoles qui intègrent les conséquences de plus en plus visibles du dérèglement climatique qui se traduit par une baisse des rendements. Or, 90 % de l’alimentation dépend des sols cultivés. Ils constituent l’élément central de notre sécurité alimentaire. Dans ce contexte l’utilisation des terres devient un enjeu primordial.
La croissance assure la bonne marche de notre développement industriel, si elle ralentit, stagne ou entre en récession nous nous alarmons à juste titre, car le modèle économique que nous avons choisi chancelle si cette dernière n’est pas continue, à l’image d’un cycliste qui pédale obstinément pour éviter la chute. Un cycliste qui s’interdit de mettre le pied à terre s’épuise inexorablement jusqu’à l’effondrement.
Ralentir, mettre le pied à terre est devenu inévitable. Redéfinir des priorités dans l’utilisation des ressources est vital. En 1972, le rapport du Club de Rome alarmait le monde sur « les limites de la croissance ». Les auteurs et les autrices de ce rapport mettaient en garde l’humanité contre le risque d’effondrement du système planétaire si l’humanité poursuivait sa croissance économique et maintenait sa consommation exponentielle, sans tenir compte de la finitude des ressources naturelles. (« Le Temps », 20 nov. 2023)
L’épuisement des ressources vitales, les dégradations liées au dérèglement climatique qui avance plus vite que prévu nous contraignent à reconsidérer les choix que nous avons faits il y a 5, 10 ou 15 ans. Des choix qui nous apparaissaient cohérents, faisables, bons pour un canton, une région, ne le sont plus aujourd’hui. Tout comme l’extension du réseau autoroutier, la construction de nouveaux aéroports, l’ouverture de nouveaux gisements de gaz ou de pétrole, l’exploitation de nouvelles gravières ou l’installation de nouveaux canons à neige ; l’entêtement d’aller toujours plus haut dans le massif alpin, pour tracer de nouvelles pistes ou l’extension de nouvelles zones industrielles dans des terres arables.
Projeter aujourd’hui encore de bétonner 23 hectares dans les meilleures terres agricoles du canton sans ouvrir pour le moins un débat de fond sur les conséquences de ce choix est surprenant. L’enjeu est d’aménager sans détruire ce qui nous reste d’environnement naturel, un bien vital pour l’humanité.
Fernand Cuche
Lignières. Le 30 novembre 2023
Canal Alpha Le Journal 22.11.2023 : La Tène : Les opposants au Pôle économique montent au front avec Fernand Cuche
Voir l’extrait du Journal du 22.22.2023 sur le site de Canal Alpha
Voir ou télécharger la vidéo sur le site
« Les près de 200 oppositions au Pôle économique de La Tène ont été levées par le Conseil d’Etat. Mais les opposants ne l’entendent pas de cette oreille. Le mouvement citoyen « La Tène en transition », ainsi que l’Association Transport et Environnement (ATE) font recours contre cette décision auprès du Tribunal cantonal. Les principaux griefs sont le bétonnage des 23 hectares de terres agricoles pour créer une zone qui accueillerait entreprises et logements pour 3’000 emplois et 500 habitants, ainsi que le nombre de places de parking. »
Texte : Canal Alpha
ArcInfo 24.11.2023 : « Pôle économique de La Tène: les principaux désaccords entre le Conseil d’État et les opposants » avec Fernand Cuche
Lire l’article sur le site ArInfo
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Blick.ch 25.10.23 : Suite aux élections fédérale 2023, avec Fernand Cuche, Robert Cramer et Francine John-Calame
Voir l’article sur la page de Blick.ch
Télécharger l’article de Blick.ch (PDF)
TV5Monde : « Objectif Monde L’hebdo: Hold-up sur les terres agricoles » avec F. Cuche
Photos : TV5MONDE
Horaire(s) de diffusion
Samedi 07.10.2023, 11:26
Vendredi 13.10.2023, 17:30
Voir la page de l’émission sur le site de TV5MONDE
Hold-up sur les terres agricoles
Flambée des prix de la terre et pression de l’agro-industrie : la Wallonie se vide de ses fermes familiales. En Belgique comme ailleurs (Allemagne, Ukraine, France, Canada, pays africains…), les sols arables suscitent la convoitise. Pourquoi certains États et la grande distribution s’y intéressent-ils ? Quels enjeux pour l’avenir ?
Un reportage de Quentin Ceuppens pour « #Investigation », le magazine de la RTBF.
Invités : Quentin Ceuppens, journaliste à la RTBF ; Fernand Cuche, paysan, militant écologiste, ancien élu.
Présentation : Dominique Laresche.
Texte : TV5MONDE
10 septembre 2023
Septembre 2023 : Journal des Verts neuchâtelois avec Fernand Cuche
Télécharger la page du Journal des Verts comprenant l’article de Fernand Cuche (PDF)
Télécharger tout le Journal des Verts – 28 pg – (PDF)
Terrains de golf – sécurité alimentaire.
Des terres toujours cultivables
Quasi tous les terrains de golf du monde étaient cultivés avant de devenir des espaces de loisirs pour gens fortunés. Ces terres nourricières, plates, fertiles sont choisies aussi pour leur exposition au soleil, une profonde couche de terre végétale et la possibilité de capter de l’eau dans la proximité. Les meilleurs sols pour réussir ses récoltes. Les pionniers de la culture des champs ont bien identifié les conditions requises pour améliorer les récoltes Les domaines d’un seul tenant sont prisés. Pour un golf à 19 trous il faut compter une cinquantaine d’hectares. Les golfs suisses représentent une surface agricole de 4200 hectares ; c’est donc parmi les meilleures terres agricoles, faciles à cultiver que la plupart des terrains de golf prennent racine. La qualité requise pour les pelouses à golf requiert une tonte suivie, une attention soutenue pour l’arrosage, l’apport en engrais et l’utilisation de produits phytosanitaires afin de garantir une qualité impeccable des parcours. L’utilisation sociale de ces espaces aménagés est plutôt extensive, rien à voir avec la pelouse d’une piscine municipale ou les parcs publics en bordure de nos lacs à la belle saison.
Le dérèglement climatique, la raréfaction des ressources naturelles vitales comme l’eau et les terres arables jette une lumière crue sur le mal développement de nos choix sociétaux, notamment en matière d’aménagement du territoire. Aujourd’hui, encore, 90 % de notre alimentation dépend des sols. Au niveau planétaire, une surface équivalente à la surface de la Suisse est définitivement perdue pour la production de denrées alimentaires (salinisation, sécheresses persistantes, désertification, épuisement des terres), et le phénomène s’amplifie. Les 4200 hectares utilisés pour la pratique du golf dans notre pays demeurent cultivables. La Fédération Suisse Golf dispose depuis 2018 d’une « commission durabilité » dont la stratégie est claire selon les déclarations de son responsable dans « Le Temps » du 19 avril dernier : » On se dirige vers une gestion sans produits phytosanitaires que l’on prévoit d’atteindre en Suisse en 2030, mais cela pourrait être plus tôt, notamment si on nous y oblige. Et puis à l’horizon 2035, on souhaite atteindre la « neutralité carbone ».
La sécurité alimentaire doit s’adapter en permanence face à la nouvelle donne évolutive climatique avec ses conséquences sur les rendements au niveau mondial et le coût de l’alimentation. Estimer les terrains de golf comme un potentiel agricole de proximité doit être pris en considération. L’état de nécessité peut être évoqué par le Conseil fédéral. Il s’est référé récemment à cette disposition légale pour le sauvetage de la banque Crédit suisse. Personne dans ce pays « souhaite » en arriver à un point d’urgence alimentaire national, comme c’est le cas dans de nombreuses régions du monde. Personne ne peut affirmer que cela n’arrivera jamais ici. La transition vers une agriculture de proximité, durable, résiliente, tarde à venir. Rien n’est prévu de décisif au niveau fédéral avant 2030. Les activistes pour le climat qui ont marqué leur passage, à leur façon sur les terrains de golf nous rappellent une fois de plus l’état d’urgence.
Fernand Cuche
Lignières, 20 avril 2023
Grondement des terres à Vufflens-la-Ville, avec Fernand Cuche
Samedi 4 mars au 19.30 de la RTS ; un groupe d’activistes pour le climat ont aménagé un campement au pied d’une colline boisée, convoitée par le groupe Orlatti pour ouvrir une gravière. Nous sommes près de la Venoge, à proximité du Moulin d’Amour. Le lendemain matin, je descends du train à Vufflens-la-Ville, commune qui héberge ces « nouveaux habitants ». Le fond de l’air est frais, la lumière blanche. Une voiture de police approche de la gare, remonte la colline en direction du village, tire à gauche vers la forêt. C’est une bonne piste à suivre. Une habitante me confirme l’existence du campement. Durant toute la nuit, elle a entendu des tracteurs qui vraisemblablement ont ravitaillé le camp.
Sous les banderoles et les cabanes dans les arbres, pas trace d’un tracteur ou d’une logistique lourde. Ils auraient accueilli à bras ouverts cette solidarité spontanée. Un de leurs buts est d’engager des échanges et des débats avec les habitant-e-s de la région, susciter un éveil citoyen sur la dégradation de l’environnement naturel, le bétonnage des terres agricoles, l’appauvrissement de la biodiversité et l’augmentation du trafic. Les grues et autres machines de chantier sont très présentes dans la proximité, signe évident d’une urbanisation qui convoite de nouveaux espaces. Ici comme ailleurs dans de trop nombreuses régions du pays, les acteurs de ces avancées conquérantes semblent ignorer les graves conséquences du dérèglement climatique, ou estiment toujours qu’il faut y aller comme avant. À ce rythme, la chute s’accélère.
Grondements des terres cherche de nouvelles voies pour étoffer la réflexion, lui donner une dimension intergénérations, ne plus chercher des échappatoires, s’accrocher à de veines illusions. Aménager des surfaces de compensation écologique à la périphérie des zones urbanisées, même sérieusement étudiées par des bureaux spécialisés, ne suffit plus. Les limites de la planète nous rappellent que l’expansion n’est plus possible, qu’il s’agit d’aménager maintenant à l’intérieur de ce qui est construit avec d’autres matériaux, intégrer une vision durable. En d’autres termes vivre autrement sans détruire ce qui nous reste de nature et d’espérances. Revenir aux fondamentaux à commencer par la préservation des terres nourricières et les forêts.
Dans cette deuxième semaine de mars, la pluie est de retour après une longue absence, inhabituelle durant l’hiver. Il y a 10 ans encore nous aurions dit : « j’espère que ça va se calmer pour engager les semailles du printemps. Aujourd’hui, nous disons : il en faut encore, encore… ».
« Grondements des terres » nous rappellent qu’il est urgent de revenir aux valeurs fondamentales de la vie aussi simples et vitales, évidentes comme l’eau, les terres nourricières et la biodiversité. Préserver, cultiver, prélever sans gloutonnerie ni gaspillage, sans spéculation ni pollution. Un autre groupe, « Extinction Rébellion » affichait, concernant l’extension de la zone industrielle de la Tène sur 24 hectares de bonnes terres agricoles : « Qui sème le béton déguste la dalle ».
Ces groupes de jeunes, lanceurs et lanceuses d’alertes, nous dérangent par leurs actions qui projettent un éclairage cru sur le mal-développement des sociétés industrialisées et riches, sur notre inertie face à la nécessité de transiter vers des modes de vie plus apaisés et solidaires. Ces alertes légitimes et crédibles nous rappellent une fois de plus que ce ne sera plus comme avant, plus comme maintenant !
Fernand Cuche
Lignières, le 13 mars 2023
Vufflens la-VIlle le 05.03.2023 discours de Fernand Cuche
« À quel prix notre système alimentaire nourrit-il le monde? » avec Fernand Cuche
le 13.03.23 à 19h, événement en ligne :
Extrait consacré à la première prise de parole de Fernand Cuche (9 min.)
Enregistrement complet de l’événement (2h 5 min.)
Avec :
Fernand Cuche
Militant écologiste et ancien élu neuchâtelois
Kibrom Mehari
Spécialiste en droit à l’alimentation à l’EPER
Diary Rats imanarihaja
Experte agronome à Madagascar
Infos et inscriptions :
bit .ly/prixnourrir
ArcInfo 28.01.2023 : Fernand Cuche: « Le plan climat neuchâtelois est un signal fort vis-à-vis de la population »
Voir l’article sur la page d’ArcInfo
Télécharger la page d’ArcInfo comprenant l’article (PDF)
Dans la série : quelle audace !
Alliance entre l’économie et l’Union suisse des paysans.
Il était temps. Les campagnes retrouvent le sourire…
Le 6 janvier 2023, à l’occasion de l’épiphanie, jour où le Christ apparaît face aux Rois mages venus l’adorer, l’alliance est consolidée et officialisée, peut-être sacralisée un jour, sous le nom de : « Perspective suisse ».
Ce méga-pôle économique emploie plus de 4,5 millions de personnes dans plus de 600’000 entreprises. Le secteur agricole représente 48’500 entreprises pour environ 150’000 personnes actives. Pour les actions à venir, l’alliance mentionne les élections fédérales de décembre 2023 et la votation sur l’initiative populaire fédérale concernant la protection du paysage.
Quelle audace de se lier aux tenants de l’économie ! Le poids de la paysannerie représente moins de 1 % des entreprises et des emplois dans l’alliance.
L’Union suisse des paysans (USP) nous avait habitués à plus de méfiance face à des organisations tout aussi proches de l’agriculture, telles les associations de consommateurs ou de protections de la nature.
Ce partenariat se mijote depuis quelque temps déjà ; les propositions du Conseil fédéral pour la politique agricole à partir de 2022 (PA22+), marquées par des avancées progressistes pour le statut de la paysanne, les enjeux environnementaux et l’accès à la terre faisaient grimacer l’USP qui demandait une non-entrée en matière.
Les milieux économiques ne voulaient pas de l’initiative « multinationales responsables ». Si l’USP propose aussi de la rejeter, les milieux économiques donneront le coup de main pour renvoyer PA22+.
La manœuvre a réussi. Rebelote pour les initiatives anti-pesticides, idem pour le traité commercial avec l’Indonésie concernant notamment l’importation d’huile de palme. Et dernière consultation en date, l’initiative contre l’élevage intensif est aussi refusée.
Pourquoi changer l’attelage lorsque l’alliance réussit si bien ?
Tentons de rester positifs et optimistes. La puissance de frappe de cette nouvelle l’entité consolidée permet d’espérer une adaptation automatique des salaires au coût de la vie, une revalorisation des revenus les plus bas.
Pour la paysannerie, espérons-le, la fixation durable de prix rémunérateurs à la production ainsi que des prix abordables pour les équipements et les intrants.
Nous aurons aussi une meilleure transparence au sujet des marges qui font encore l’objet d’une opacité tenace.
Pour les traités commerciaux, les nouvelles priorités valoriseront partout dans le monde une agriculture de proximité à dimension humaine, équitablement rémunérée et biodiversifiée.
Pour les échanges commerciaux où l’obsession de la compétitivité est la règle, elle sera remplacée par l’obligation de se référer à un statut digne pour les travailleurs-euses et la préservation impérative de l’environnement. L’augmentation des emplois dans les campagnes va jouer un rôle décisif pour réussir une transition vers des pratiques agricoles qui intègrent la fertilité naturelle des terres, des cultures diversifiées, notamment par la mise en valeur d’anciennes variétés qui présentent de bonnes caractéristiques face au dérèglement climatique.
Avec plus de main-d’œuvre et une mécanisation légère, l’agriculture sera progressivement décarbonée.
Par cette alliance, les zones industrielles, commerciales, de loisirs et terres agricoles sont réunies sous le même toit.
Espérons une percée de l’USP, si proche des familles paysannes, pour rappeler avec détermination que 90 % de notre alimentation dépend des sols. Ce qui nous reste de terres agricoles doit impérativement être destiné à produire des denrées alimentaires.
Les milieux économiques saisissent l’enjeu vital qui se joue et renoncent à construire dans des terres porteuses de vie. Ils font acte de courage et de sobriété en revitalisant les friches industrielles et bientôt, les futures friches commerciales surdimensionnées.
Espérons que « Perspective suisse » aille plus loin et se saisisse des conséquences du dérèglement climatique particulièrement marquant durant l’année 2022 avec la fonte des glaciers qui atteint une diminution record de 6 %, en moyenne, la raréfaction de l’eau qui impacte l’agriculture et la composition de la végétation indigène. Les experts craignent l’apparition d’effets boule de neige et des changements irréversibles, avec des phénomènes qui n’évoluent plus de façon linéaire.
Les Rois mages s’en sont retournés dans les villes, les campagnes et les banlieues, porteurs de ces bonnes nouvelles. Ce n’est qu’un début.
Pour nouer la gerbe, une deuxième étape est nécessaire ; l’USP rejoint l’organigramme d’Économie suisse, de l’USAM ou de l’Union patronale suisse, les chambres d’agriculture intègrent leur Chambre cantonale du commerce.
Cette synergie permettra d’optimaliser les frais de fonctionnement des uns et des autres. Pour le secteur agricole qui ne compte plus que 48’500 entreprises, son absorption est à portée de main, d’autant plus que la diminution des exploitations se poursuivra. Les cotisations devraient baisser pour celles qui restent.
Je doute :
Créer une alliance en vue d’une échéance électorale est dans la tradition. Déclarer à l’unisson l’objectif d’une économie prospère et d’une agriculture de pointe, robuste et moderne, c’est aussi dans la tradition.
Face au dérèglement climatique, les déclarations ronflantes ne sont que trop rarement suivies de décisions concrètes, à la hauteur des enjeux vitaux. L’urgence climatique nous contraint à une réflexion profonde avec l’exigence de créer de nouveaux outils pour limiter la casse, ne pas détruire ce qui reste de vivant sur la planète. La politique agricole doit être revue de fond en comble pour ne pas utiliser le terme de révolution qui fait peur, nous paralyse dans un premier temps.
Le bilan d’une agriculture de pointe, robuste et moderne, telle que nous la développons depuis le lendemain de la dernière guerre mondiale est mauvais pour la planète ; pour produire une calorie alimentaire, nous consommons aujourd’hui 7 à 10 calories fossiles.
Impossible de continuer ainsi. Le rapport entre la surface cultivée et le nombre de personnes actives dans l’agriculture est de plus en plus déséquilibré.
Sommes-nous prêts, par exemple, à modifier le droit foncier rural pour permettre à celles et ceux qui souhaitent travailler dans l’agriculture d’accéder à la terre, d’innover avec de nouvelles pratiques culturales ? Nous avons besoin de ces pensées innovantes pour le changement devenu inéluctable.
C’est déstabilisant de penser que ce ne sera plus comme aujourd’hui.
C’est enrageant ou humiliant de reconnaître que les vers de terre et tous les micro-organismes jouent les premiers rôles dans l’acte de produire des denrées alimentaires, et non les puissants tracteurs qui pourtant me fascinent encore un peu…
La préservation des biens vitaux est impérative et doit constituer la référence dans tous les secteurs d’activités. La nouvelle alliance « Perspective suisse » doit intégrer ces valeurs de vie dans une nouvelle orientation de l’économie qui constitue le noyau dur de la résistance au changement.
Élaborer une stratégie pour les prochaines élections fédérales ou pour faire barrage aux initiatives qui appellent à prendre des mesures pour limiter la casse écologique qui se renforce me paraît vain et d’un autre temps.
Fernand Cuche.
Lignières, le 20 janvier 2023
Le Matin Dimanche 11.12.22 : Élisabeth Baume-Schneider, Conseillère fédérale, cite Fernand Cuche
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