Le Quotidien Jurassien, 2 octobre 2017, «Refusons les dogmes iniques du marché» (Fernand Cuche)
- MOUTIER LE QUOTIDIEN JURASSIEN, 2 OCTOBRE 2017, PAGE 9
«Refusons les dogmes iniques du marché»
Fernand Cuche, ancien conseiller national et conseiller d’État, a plaidé vendredi soir dans le cadre de la 9e édition de la Fête des vendanges en faveur d’une agriculture «intelligente et à dimension humaine», caractérisée par le refus «du modèle productiviste».
Une centaine de personnes de divers milieux professionnels s’est laissée captiver par la verve de l’agriculteur neuchâtelois, qui a pointé, en dehors de toute autocensure, les failles d’un système qui «nécessite une paysannerie nouvelle». Entretien.
L’enjeu est facile à comprendre. Soit nous refusons d’obéir aux dogmes d’une agriculture industrielle, qui intoxique et appauvrit les sols, pollue les eaux, mine la biodi-versité, nous rend dépendants de l’étranger et décime «le sel de la terre» – la population paysanne –, soit nous allons droit et définitivement dans le mur. C’est en substance, chiffres et preuves à l’appui, le message livré par l’infatigable Fernand Cuche à l’ombre de la collégiale, vendredi soir à Moutier. Un discours rapide, qui n’a pas hésité à pointer du doigt le manque d’esprit critique des scientifiques, ni l’Union suisse des paysans.
Le Quotidien Jurassien. – Au fond, vous menez un travail de conscientisation. Qu’arrivera-t-il à notre pays si cette prise de conscience n’est pas rapidement réalisée?
Fernand Cuche. – À notre pays, et à bien d’autres, oui… Mais nous avons une petite longueur d’avance en matière de politique agricole et d’agri-culture à dimension humaine. Je dis «nous» parce que nous sommes de plus en plus nombreux à souhaiter cette transition. La preuve avec les six initiatives qui concernent l’envi-ronnement, la qualité de la nourriture, ou qui demandent la fin de l’utilisation des pesticides de synthèse. Je suis donc relativement optimiste, parce
que le peuple suisse est attentif, et très critique. Je le perçois ce soir encore, ici à Moutier, où la jeunesse était bel et bien présente. Mais la question demeure: comment cela va-t-il s’organiser pour que le changement intervienne le plus rapidement possible?
– Sans le concours des jeunes générations, cela ne s’or-ganisera pas de si tôt.
– Vrai, mais la façon des jeunes de réagir au type de message délivré ce soir n’est pas comparable à la contestation que moi je menais à l’époque, avec des manifestations, etc. Eux, ils s’éloignent du système économique qui nous capte. Ils se montrent créatifs. Ils gèrent par exemple des épiceries de
proximité, s’engagent dans des productions d’agroécologie, se mettent ensemble pour des coopératives d’écoproduction respectueuses de l’environne-ment et de l’animal. Mais il y a un partenaire qui a systématiquement du retard dans ces thématiques, c’est la grande organisation nationale paysanne.
– Vous pouvez préciser?
– L’Union suisse des paysans doit apprendre à anticiper. À évoluer dans sa façon de percevoir le marché. Si la négociation avec les grands distributeurs que sont Coop et Migros, ou encore Lidl et Den-ner, n’aboutit pas, il faut que la profession développe elle-même son réseau de distribution. Mais L’Union suisse des
paysans reste sur ses pattes arrière. Elle ne réussit même pas à défendre le prix du lait de consommation quotidienne à 55 centimes, alors qu’il faudrait 1 franc pour que le paysan soit rémunéré! C’est un appel que je lance ici…
– On souhaiterait que ce genre d’appel résonne un peu plus fortement sous la Coupole à Berne. Qu’est-ce qui coince?
– Ce que j’ai senti de la part des élus, dont je fus moi-même pendant six ans, c’est un assujettissement complet aux forces du marché. Or si les gouvernements ne prennent pas conscience, demain, de la nécessité de recadrer le marché et de le remettre à sa place, de le considérer comme un simple outil, alors c’est la société civile qui va s’en occuper. On a un affaiblissement progressif du pouvoir politique. On n’a jamais autant sollicité ce pouvoir comme maintenant. En l’espace de quatre ans, sept initiatives ont été déposées en la matière! Ceci est
bien le signe que l’autorité politique élue ne fait pas son travail, qu’elle gouverne hors sol, qu’elle n’a pas de contact avec la base et qu’elle est assujettie aux forces du marché. Cet espace mou, diffus, qui nous fait craindre le pire pour après-demain, ouvre aussi le champ politique aux populismes.
– Quel est le rôle des pressions exercées par l’Union européenne?
– Écoutez. Les tenants du marché ne sont pas des gens sages. Ils n’ont pas de vision pour demain. Ce ne sont pas des humanistes. S’ils l’étaient, ça se saurait depuis un certain nombre de générations. À partir du moment où les gouvernements ne gouvernent plus, mais se soumettent aux dogmes d’une gouvernance mondiale économique sans éthique, les disparités économiques et sociales s’accentuent, et la faim dans le monde revient. Ce qui est le cas.
Propos recueillis par PABLO DAVILA
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RTS la 1ère, émission « Quinze minutes » du 30 septembre 2017, « Antispécisme en Suisse: la cause animale prend son envol » en présence de Fernand Cuche
« Les antispécistes veulent obtenir l’égalité entre espèce humaine et animale. En Europe, le mouvement est en plein essor ces dernières années et l’antispécisme veut devenir le nouveau grand mouvement des droits civique »
Texte et photo : RTS la 1ère
RTS la 1ère, votations fédérales du 24 septembre 2017, émission spéciale info, Sécurité alimentaire:
réactions de Jean-Pierre Grin (UDC/VD) et Fernand Cuche (Verts/NE)
Photos : RTS la 1ère
RTS UN, « Infrarouge » du 13 septembre 2017 : spécial votation (24 septembre 2017) quelle agriculture dans nos assiettes ?
Quelles tomates, quelles salades, quelles côtelettes dans vos assiettes ? C’est la question que pose en filigrane le vote sur la sécurité alimentaire, sur lequel vous vous prononcerez le 24 septembre …. Quels sont les enjeux du débat ? Comment garantir aux Suisses un approvisionnement durable et suffisant ? Quelle dose de protectionnisme face au libre marché ? … et finalement quelle agriculture pour demain ?
(Page de l’émission entière du 13.09.17 sur le site RTS)
RTS la 1ère « Forum » du 13 août 2017 avec Fernand Cuche
Le modèle de la production de masse dans l’agro-alimentaire doit-il être abandonné ?
Suite aux récents scandales qui touchent l’industrie agro-alimentaire, certains dénoncent les méfaits de la production de masse et la pression des distributeurs. Débat entre Fernand Cuche, paysan ancien conseiller d’Etat neuchâtelois (Les Verts), et Manfred Bühler, conseiller national UDC bernois.
RTS, « Couleurs d’été » du 4 août 2017 avec Fernand Cuche
Entretien avec Fernand Cuche
Entretien avec Fernand Cuche (suite)
RTS « Premier rendez-vous » du 12 juin 2017, Fernand Cuche rencontre le comédien Jean-Charles Simon
Pour la première fois l’écologiste Fernand Cuche rencontre le comédien Jean-Charles Simon
RTS un, « Passe-moi les jumelles » du 17 mars 2017 avec Fernand Cuche
Page de l’émission sur le site RTS
Vendredi 17 mars, Fernand Cuche sera l’invité de « Passe-moi les jumelles » au chalet La Pacoresse, à Orgevaux. Aux côtés de Virginie Brawand, il commentera les deux reportages proposés ce soir-là par cette émission, à commencer par la réalisation d’un beau projet, celui de relancer la production de soie en Suisse en élevant des vers à soie. Une activité qui avait disparu de notre pays depuis plus de cent ans et qui offre à des petits paysans un gain annexe souvent bienvenu, leur permettant ainsi de ne pas avoir à quitter leur domaine agricole et de devoir travailler ailleurs. Le deuxième reportage quant à lui emmènera les téléspectateurs pour un tour du monde des plantes alpines, de l’Himalaya aux Andes, des Montagnes Rocheuses aux Alpes vaudoises, au coeur du jardin botanique La Thomasia à Pont-de-Nant, sur lequel veille un jardinier pour le moins engagé.
(Texte: Virginie Brawand)
(Photos tournage : RTS)
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RTS la 1ère « Forum », 7 septembre 2016, débat autour des grandes difficultés économiques à Neuchâtel avec Fernand Cuche
Débat en présence de Mauro Moruzzi et Fernand Cuche
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